HISTOIRE

RECHERCHE DOCUMENTAIRE
Dans les antres de la recherche documentaire les trésors cachés sont nombreux.
Des plans originaux de SOMME II réalisés par « Les Chantiers Auroux »
L’ouvrage de Francis Dallery, expert en littoral picard
De sublimes vidéos, ambiance années fastes pour la pêche à la crevette, les régates
et les caboteurs en file indienne dans le port de St Valery
Les dessins de la restauration de SOMME II exécutés magistralement par J.P.Jappé
La baie de Somme prise par les glaces il y a bien longtemps
Une multitude de photos et cartes postales en noir et blanc ou en couleur
Les cartes maritimes de SOMME II datant de son arrivée en 1950
De beaux écrits à l’air marin offerts par Françoise, David et d’autres…
UNE LONGUE VIE DE BALISAGE EN BAIE DE SOMME
« Mon premier bain de mer, souvenez-vous…
1950 dans le bassin d’ARCACHON…
Ce jour-là, au moment où j’ai mis les pieds dans l’eau,
Ils ont tous crié :
« LONGUE VIE AU BALISEUR DE LA BAIE DE SOMME »

Une boutade, non, une réalité…
Nous sommes en 1999, je suis toujours là,
½ siècle de balisage en baie de Somme à moi tout seul…
Qui dit mieux ?
A mon bord, un équipage d’enfer, un rôle pour chacun, une mission pour tous… »
© ASSOCIATION SOMME II
Cinq marins sur le baliseur SOMME II, on les appelle les baliseurs.
Un capitaine maître du balisage, un mécanicien expert en DG3,
3 matelots opérateurs sur le pont.
Un métier palpitant…une position sociale honorable…
Baliser la baie
Entretenir baliseur et bouées
Assister et sauver navires et imprudents
Fêter la mer, honorer les disparus…





© ASSOCIATION SOMME II
« Baliser la baie de Somme, c’est manuel, physique, empirique…
Cependant très fin en positionnement…
Je me souviens de ma dernière campagne de balisage, le 2 novembre 1999… »
QUELLE EMOTION !!!
« Ce mardi au petit matin, le jour se fait attendre, dès 6h la surface lisse de l’eau se trouble de minuscules petits cercles de plus en plus nombreux. Le vent est tombé, mais les restes de la tempête du week-end laissent présager de belles lames en sortie de Baie…
Le chenal est plus que jamais à côté de ses tonnes !


A bord, comme à terre, le travail est parfaitement organisé…Didier descend à la salle des machines pour démarrer les moteurs, celui de propulsion puis celui du cabestan… Philippe et Jean-Charles prennent les guides du mât de charge tandis que Didier actionne le treuil…
L’heure d’appareiller arrive, les amarres sont larguées… La hauteur d’eau de 84 permettra de rallier la bouée 28 sans encombre…Philippe gouverne depuis la passerelle, guidé alternativement par Fredo ou Jean-Charles, qui face au vent dirige le projecteur de proue sur les bouées et les bans de sable en indiquant le cap à suivre…
© ASSOCIATION SOMME II
A l’approche de la 28, chacun se prépare…
Jean-Charles se muni de son grappin attaché à un bout d’amarrage, Didier lance le treuil à mi-vitesse. Fredo prépare une élingue pour agripper la chaîne. Philippe termine son approche, stoppe les machines quelques mètres avant la bouée… Le grappin est lancé tandis que Jean-Charles passe le bout dans les rouleaux du pavois. Un cri et Didier enroule le bout sur le treuil. Un autre cri et le cabestan s’arrête….La bouée pend à l’envers sur bâbord, Jean-Charles fixe la bouée pour la maintenir…


© ASSOCIATION SOMME II
A présent, il faut saisir la chaîne du corps mort pour le dérader…


Le corps-mort est enfoui sous plusieurs mètres de sable. On opère à petite vitesse. La poupe se soulève doucement tandis que la proue s’enfonce. Les chaînes sont tendues à bloc, grincent, se déforment. Le cabestan cale, la sirène d’alarme siffle. Philippe court redémarrer le moteur, tandis que Didier bloque le cabestan. A chaque lame, la chaîne se détend puis se tend brutalement. Au cabestan Didier tente d’amener le mou à chaque creux pour éviter les à-coups sur la chaîne, et progressivement celle-ci se détend. Jean-Charles a les yeux rivés sur la proue.
© ASSOCIATION SOMME II
© Francis DALLERY
Plouf !, la proue retombe…
Le corps-mort est hissé à bord. Fredo l’amarre à l’aide d’un bout… Puis, sur les conseils de Jean Charles, Philippe déplace le bateau vers la nouvelle position de la bouée. Au signal, machine arrière, Fredo largue le corps-mort et Jean Charles la bouée.

© ASSOCIATION SOMME II
Et de une !


La seconde bouée sera plus rebelle, le grappin perdra une dent ! Mais la puissance du cabestan triomphe toujours des corps-morts les plus ensouilllés.
A la 4eme bouée, les choses se compliquent. Le Somme II déjà fortement enfoncé à la proue donne des à-coups d’autant plus forts que la houle grossit, et soudain…
Blang ! La chaîne se brise…
Une chaîne, dont les maillons ont pourtant une section de 30 mm. Le corps-mort est perdu. Une nouvelle chaîne, un corps-mort de rechange, 2 manilles, quelques coups de chalumeau et à l’aide du mât de charge la ligne neuve est prête à être mise à l’eau.
© ASSOCIATION SOMME II
Vers 10h, Philippe accorde une petite pause casse-croûte. 15 minutes plus tard, tout le monde retourne à son poste. Les bouées 9, 10,11 et 12 sont accessibles, mais il faut faire vite. Malheureusement la bouée 12 sera récalcitrante, le grappin en perd ses dents ! …La bouée 12 terminée…
Il faut s’amarrer pour l’échouage.
Il ne reste plus qu’à attendre. On sert l’apéro pour se réchauffer…Le repas terminé, certains s’allongent sur les couchettes ou sur le pont, d’autres s’isolent pour méditer. Le bruit de l’eau nous berce. Au loin, des phoques nous observent avec curiosité. Les bancs de sable se découvrent, Le Hourdel et Le Crotoy sont à portée de pieds….

© ASSOCIATION SOMME II
L’attente se prolonge jusque 16 heures. Le vent s’est levé avec la mer. Le flot passe. L’eau monte, le navire frémit. Il se tourne face au courant avant de renflouer totalement. Didier démarre les moteurs.
Il reste encore 5 bouées en amont à faire avant la nuit et le reflux. Chacun fait au plus vite, Jean Charles déplace les bouées avec une précision d’expert…
19h30, c’est l’heure de rentrer, 18 bouées en tout aujourd’hui.
Le retour ressemble à l’aller … une journée de plus…
Ma dernière journée de balisage…
Je passe la main…
L’heure de ma retraite a sonné. »
GLOSSAIRE
BÂBORD : Côté gauche d’un navire en regardant vers l’avant
TRIBORD : Côté droit …
PROUE : Avant d’un navire
POUPE : Arrière d’un navire
MÂT DE CHARGE : Système permettant de charger, et déplacer les bouées
BOUT D’AMARRAGE : Cordage permettant de maintenir le grappin
ELINGUE : Câble dont l’extrémité permet d’agripper la chaîne
PAVOIS : Partie de la coque du navire au-dessus du pont
CABESTAN : treuil électrique ou manuel
GRAPPIN : crochet adapté pour saisir des objets
ASSOCIATION SOMME II
DES NAVIRES ET DES HOMMES
En baie de Somme, croisaient sauterelliers et caboteurs, tous suspendus au balisage de SOMME II, ce navire de travail qui avec ingéniosité marquait les chenaux.
Marins du SOMME II, marins-pilotes, marins-pêcheurs, marins du commerce
Tous marins
Ils se côtoyaient, s’appréciaient, se défiaient…
Alain LAMIDEL décrit avec humour les joutes verbales…
Entre marins du balisage et marins-pêcheurs Voir +
Yves LAMIDEL précise,
« Entrer et sortir les cargos de la baie…
C’était le rôle assigné aux pilotes et parfois aux « pratiques »… » Voir +
Quelles seront les nouvelles du baliseur SOMME II ?
Prochain rdv le 20 juillet 2022
SOURCES
Fonds documentaire Association SOMME II
ASSOCIATION SOMME II