Histoire SOMME II 1ere vie
BALISER LA BAIE DE SOMME,
QUELLE DRÔLE D’IDEE !!!
Depuis l’antiquité, la baie de Somme est fréquentée de manière conséquente et assidue. Elle offre aux navires de passage un abri en cas de coups de vent, un accès aux terres intérieures, pour commercer via le fleuve Somme.
Les 3 ports de la baie, St Valery, Le Crotoy et Le Hourdel, sont à l’origine, de petites bourgades de pêcheurs bâties le long du rivage de cette baie nourricière.
Au jour naissant, « Sans Peur », un petit caboteur à destination de St Valery
est arrivé en vue de Cayeux-s/mer…
BANCS DE SABLE-BANCS DE SOMME, CHENAUX SINUEUX
L’équipage est atterré …
© Ortho Littorale v1 – Ministère en charge de l’environnement
En principe, les chenaux de navigation qui parcourent la baie permettent un accès naturel aux 3 ports.
Cependant en raison de l’ensablement, ces chenaux se déplacent de façon incessante, divagant au gré des vents et marées.
SECURISER L’ACCES AUX PORTS
DE LA BAIE DE SOMME,
FACILE !!!
Pour sécuriser l’accès aux ports de la baie de Somme, une recette unique depuis la nuit des temps :
– Repérer régulièrement le nouveau tracé des chenaux
– Y déposer des marques de balisage pour permettre la navigation.
© Christian PORQUET
Une bouée rouge à bâbord, une verte à tribord…
Et ainsi de bouée en bouée…
L’équipage du « Sans Peur » applaudit,
Le chemin est sécurisé …
ASSOCIATION SOMME II – 2022
LE BALISAGE EN BAIE DE SOMME,
QUELLE HISTOIRE !!!
© Christian PORQUET
Perches, tonnes, bouées
Selon Eugène Lomier, au moyen âge, déjà, le seigneur des lieux était tenu à l’entretien de plusieurs marques pour baliser le lit de la Somme.
Les chenaux de la baie étaient, à cette époque-là, jalonnés de perches, puis au XIXème siècle, de tonneaux en bois ou tonnes.
Au début du XXème siècle apparaîtront, les premières bouées en plaques de métal riveté.
© Administration des Phares et Balises
Fin XIXème, apparition des premiers baliseurs
dans la baie de Somme
C’est quoi un baliseur ?
Un baliseur, est un navire dimensionné et équipé pour déposer des marques de balisage le long des chenaux afin de sécuriser la navigation.
Tous en bois !
Les tous premiers baliseurs sont à voile, ils mesurent environ 8m.
Ils se nomment : « La Fanoche », « Pilote », « Somme ».
En 1937, « La Somme », 12m, premier baliseur à moteur.
Tous une fin tragique !
Disloqués, brisés, épuisés, coulés…
La durée de vie de ces premiers baliseurs n’excède pas 10 ans. Dans son rapport du 29.5.1935, Francis Dallery, subdivisionnaire des Ponts et Chaussées à St Valery, écrit :
« Le bateau-baliseur « Somme » fait de l’eau en service particulièrement après les manœuvres de levage des corps-morts de bouées, ces rentrées d’eau rapides proviennent de ce que toute la coque se déforme sous les efforts de levage »
En effet, déplacer une balise consiste à extraire son corps-mort des sables ce qui transmet un effet de torsion au baliseur qui peut atteindre 6 tonnes.
Un corps-mort, brrr…, c’est quoi ?
Un corps-mort est un bloc de béton de 100 à 500 kg posé au fond de l’eau, relié par une chaîne à une bouée afin de la maintenir en position. En baie de Somme, les corps-morts s’enfoncent dans la vase au rythme des marées, ce qui rend leur extraction difficile.
De même, dans son courrier, du 2.5.1947, l’ingénieur Fertin écrit :
« Lorsqu’on manœuvre le treuil, la proue plonge, l’arrière sort de l’eau et la coque subit un effet de dislocation dangereux »
© Francis Dallery
Harassant, le labeur des marins du balisage
En 1933, les promeneurs ont maintes fois l’occasion de voir passer dans le chenal une grosse embarcation. Des marins la manœuvrent le plus souvent à l’aviron.
A ce propos, Théo Varlet, romancier écrit :
« Ne voit-on pas aujourd’hui encore sur le chenal, les lamaneurs tirer l’aviron tels les marins d’Ulysse, debout dans leur bateau qui traîne en remorque, pareille à la dépouille de quelque cétacé rouge et ventru, une bouée peinte au minimum, qu’ils vont mettre en place dans les passes de l’estuaire »
ASSOCIATION SOMME II – 2022
« IL FAUT UN BATEAU SÛR ET STABLE »
N’EST-CE-PAS ?
En 1947, le bateau-baliseur « La Somme » dépérit, et oui…Disloqué, usé comme ses prédécesseurs.
Il faut un nouveau baliseur, « Un bateau sûr et stable »
comme l’avait préconisé Francis Dallery.
Francis Dallery, Subdivisionnaire des Ponts et Chaussées Maritimes à Saint Valery sur Somme
© Administration des Phares et Balises
L’ingénieur FERTIN, écrit dans son courrier du 2.5.1947 :
« Le baliseur « La Somme » est trop faible pour extraire les corps-morts, il s’en suit une dislocation complète de la coque à chaque opération créant ainsi des voies d’eau…Il paraît prudent de prévoir la mise en service d’une nouvelle unité en 1949 »
L’ingénieur FERTIN poursuit :
« Pour cette nouvelle unité, l’expérience a prouvé que le bois était à proscrire, seule une coque métallique offrira une rigidité suffisante…Le tirant d’eau ne devra pas dépasser 1m10…Il faudra prévoir une puissance de 80cv pour le groupe moteur… »
Quel baliseur sera construit en 1949 pour baliser la baie de Somme ?
ASSOCIATION SOMME II – 2022